En cette belle journée ensoleillée d'un hiver de Haute Provence, et dans le souci de clarifier mon propos, ainsi que celui de ne pas agacer quelque lecteur philosophe, rompu à cette question, je tiens à préciser que la référence un peu pédante je l'admets, sur mon avant-dernier post, à la Caractéristique universelle de Leibniz, quand bien même, j'en suis à peu près sûr, elle devait être de nature dans l'esprit du grand penseur, à contribuer à l'édification d'une encyclopédie de tous les savoirs possibles, (de omnibus etc...), la dite Caractéristique n'a pas grand chose à voir avec le fait de ne pas toujours trouver ce qu'on cherche sur Internet, a fortiori quand ce que l'on cherche n'existe pas !
Pour satisfaire à son ambition encyclopédique, Wikipédia s'enrichit continûment de l'apport de ses contributeurs anonymes, mais n'est pas à l'abri d'erreurs factuelles, ou de préjugés, avec l'inconvénient de leur propagation rapide sur le réseau. Mais les unes sont toujours susceptibles d'être corrigées et les autres critiqués, et sont donc sans commune mesure avec l'immense service rendu, au moins dans le premier temps d'un débroussaillage pour tout ce qui a trait à un sujet ou une question quelconque.
Google est l'index fourre-tout géant de tout ce qui pêle-mêle se trouve sur internet, son intérêt, qui peut être en même temps sa limite, quand il y échoue, est celui de l'établissement d'une ligne de démarcation suffisante dans l'inventaire, entre ce qui va du plus intéressant au plus inepte, ce dernier y tenant une large part.
Je mesure plus je l'utilise la puissance de ses algorithmes de recherche, elle transforme complètement, j'en suis certain, notre rapport à la connaissance, qu'elle soit de nature pratique (comment faire un cake au citron, ajouter de la mémoire à son ordinateur), théorique (qu'est-ce la preuve de la conjecture de Poincaré, (rassurez vous moi non plus je n'ai pas tout compris) , la théorie des incorporels dans l'ancien stoïcisme), artistique (la grille d'accords de Lyresto, dans le disque que John Coltrane enregistra avec Kenny Burrell, écouter ce même Lyresto, dont les dernières mesures me donnent littéralement l'impression que Coltrane va s'envoler et c'est précisément ce qu'il fait,
Youtube, pour sa part n'est rien d'autre que la mémoire nécessairement pleine de trous, mais en expansion continue, des images, des bruits et des sons du monde, mais c'est déjà énorme à l'échelle de la dimension prise aujourd'hui par l'internet, surtout quand d'un seul clic vous pouvez voir et entendre le premier mouvement du concerto pour deux pianos de Francis Poulenc par l'orchestre national de la RTF, dirigé par Georges Prêtre, avec Jacques Février et le compositeur en personne,
ainsi que, et par ce que ce blog est surtout là pour parler de jazz, un incroyable solo de Roy Haynes au meilleur de sa technique, je n'ose jamais dire mon batteur favori, car il y a aussi Elvin, Tony et tous les autres, introduit par son principal disciple, Jack de Johnnette,
et plus rare encore, pour finir (?) ce Senor Blues de Horace Silver, magistral et majestueux, accompagné de Louis Hayes, Junior Cook et Blue Mitchell.
Quant à la Bibliothèque de Babel, je vous renvoie à la nouvelle de Borges, géniale, avec son vertigineux début:
L’Univers est une bibliothèque. Un arrangement infini de salles hexagonales reliées par des couloirs et habitées par des hommes, dans lesquelles sont rangés un nombre incalculable de livres (fini, infini ? nul ne le sait)...
L'Internet ne serait en somme que l'expression limitée de la Bibliothèque infinie dont il fait partie. En ce qui concerne l'univers, le réel, les choses, le monde, ou tout ce qu'on veut, ils seront toujours de toutes les façons au delà, bien au-delà de toutes les représentations qu'on peut en construire et stocker dans la mémoire de tous les ordinateurs de la planète, fussent-ils jour et nuit indexés par les robots fouineurs de Google, comme tout ce que je suis en train d'écrire en ce moment précis.
De ce vaste monde des oeuvres et des choses, le solo de Clifford Brown dans "Joy Spring",
et pour redescendre sur notre belle planète, ces trois endroits de Haute Provence superbement photographiés par mon ami Maurice, le lac de Sainte-Croix en hiver, une bergerie de Saumane, une Montgolfière passant au dessus du village d'Ongles,
l'Internet nous donne à voir le reflet coloré, mouvant, et transitoire. Les bouddhistes (et en un sens, Spinoza aussi) disent que tout cela est produit par l'Esprit (ou la Substance), d'autres préféreront dire la Nature, et que seul celle-ci peut-être considérée comme infinie.
Mais je repense aussi à ce grand maître du bouddhisme tibétain rencontré un jour près d'Aix en Provence. Comme son traducteur lui parlait du Mac portable dont je ne me séparais jamais, et de tout ce qu'on pouvait faire avec, il avait alors dit: "mais cela aussi est émanation de l'Esprit !"
cette spectaculaire "time line" vue sur le site de la NASA:
et pour redescendre sur notre belle planète, ces trois endroits de Haute Provence superbement photographiés par mon ami Maurice, le lac de Sainte-Croix en hiver, une bergerie de Saumane, une Montgolfière passant au dessus du village d'Ongles,
Mais je repense aussi à ce grand maître du bouddhisme tibétain rencontré un jour près d'Aix en Provence. Comme son traducteur lui parlait du Mac portable dont je ne me séparais jamais, et de tout ce qu'on pouvait faire avec, il avait alors dit: "mais cela aussi est émanation de l'Esprit !"
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