mardi 15 janvier 2013

Julian Priester, encore...

Je trouve à l'instant sur Youtube :-) une vidéo miraculeusement préservée  de l'éphémère formation des Jazz Messengers en 1968 avec Julian Priester,  dont je vous montrais hier une photo prise à la salle Pleyel lors du Paris jazz Festival.  Il s'agit de toute évidence d'un concert enregistré lors de la même tournée  au Festival de Jazz de Copenhague. Le premier thème joué est "Slide number one", une composition de Slide Hampton, dans le plus pur style "Jazz Messengers".

On y voit et entend Julian Priester en gros plan prendre le premier chorus. Suit, après une facétieuse présentation du groupe par Art Blakey particulièrement en verve ce jour là  ("the baby of our group, ladies and gentleman the youngest drummer in modern jazz today, Mrs Blakey's one and only son, Art Blakey, me!") un émouvant Blue Moon, exposé et développé par Bill Hardman avec  tout le lyrisme d'un Clifford Brown .

Au même programme qu'à Paris, on retrouve aussi Max Roach en solo, l'extraordinaire  trio d'Elvin Jones avec Jimmy Garrisson et Joe Farrell, et en apothéose, une incroyable "drum battle" alignant Art Blakey, Elvin Jones et...Sunny Murray le batteur d'Albert Ayler ! C'est réellement fantastique de pouvoir revoir tout ça... quarante quatre ans après ! Un très très grand moment de jazz.



En fouinant encore un peu sur Google, je trouve également sur jazztimes.com un article de Bill Milkofsky intitulé Art Blakey and the Jazz Messengers Live at Slug's N.Y.C.

Il s'agit là encore d'une prestation enregistrée au mois d'août 1968, par cette même formation au Slug's,  haut-lieu de l'avant-garde à cette époque à New York.

Le disque est encore aisément trouvable  pour un prix plus que modique sur amazon.fr

Il s'appelait Pete La Roca


La vie est comme une bulle sur l'eau. Bien triste début d'année avec le départ de Claude Nobs (Directeur du Montreux Jazz Festival) et celui de Georges Gruntz. J'ai surtout connu Georges Gruntz pour l'avoir écouté au sein de l'European Rythm Machine de Phil Woods. Ça se passait en 1968, au Caméléon, célèbre club aujourd'hui disparu [MaJ juin 2016  non, il existe toujours !],  et Claude Nougaro était venu ce soir là en auditeur attentif.



Je m'étais promis de consacrer un post au batteur Pete La Roca, décédé quant à lui le 19 novembre 2012. On ne peut pas dire une fois encore que la nouvelle ait ému grand monde. Il faut dire qu'il s'était volontairement retiré du jazz business, après des débuts remarqués en compagnie de Sonny Rollins (l'historique enregistrement du Village Vanguard), et de John Coltrane dont il fut le batteur, avant même Elvin Jones qui le remplaça un peu  plus tard. Il se retira alors de la profession, quelque peu désabusé par la mauvaise tournure qu'avait selon lui pris le jazz au beat devenu mécanique et dépourvu de swing, cette respiration quintessentielle en laquelle seulement il acceptait de voir l'âme même, la fondamentale et authentique liberté de de cette musique.

Or, il se trouve qu'un très bel hommage lui a déjà été rendu sur le blog du photographe Juan Carlos Hernandez, dont je reçois régulièrement les contributions sur Facebook, et que je tiens à féliciter, si d'aventure il lisait le Coeur qui jazze, pour la superbe qualité de son travail. Sa photographie de Pete La Roca au Duc des Lombards est tout simplement magnifique, ainsi que le très émouvant hommage a son ami Pete auquel je ne vois rien à ajouter.

Licence Creative Commons
Les oeuvres de Juan Carlos Hernandez sont mises à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 non transposé.



Vous la retrouverez sur son blog juancarloshernandezjazzphotographer.blogspot.fr ainsi que de nombreuses vidéos  et autres extraits sonores tel  ce "Basra", tiré de l'album eponyme enregistré chez blue Note, en compagnie de Joe Henderson, Steve Kuhn, et Steve Swallow.


Pour venir en aide à Julian Priester...



J'ai eu l'occasion de prendre cette photo des Jazz Messengers d'Art Blakey, en 1968 à la Salle Pleyel, lors du Paris Jazz Festival. De gauche à droite on y distingue Billy Harper au sax ténor, le maître Art Blakey propulsant son monde, le bassiste Lawrence Evans, ainsi que le hard-boppissime Bill Hardman à la trompette, improvisant sous le regard attentif du tromboniste Julian Priester. (Le pianiste devait être Ronnie Matthews). Il me fut donné d'écouter à nouveau Julian Priester aux côtés de Herbie Hancock (piano acoustique et Fender Rhodes), à Nice,  le 21 juillet 1971, avec Bennie Maupin, Eddie Henderson, Buster Williams et Billy Hart.

Il se trouve aussi qu'un de mes disques favoris est le trop peu connu "Keep Swinging" (Riverside 1163) dont le personnel fait aujourd'hui rêver (Jimmy Heath, Sam Jones, Tommy Flanagan, Elvin Jones !)


Julian Priester est donc, on l'aura compris,  un des ces "musiciens pour musiciens", éminemment reconnu et respecté par ses pairs, ainsi que, j'ose l'espérer,  par de très nombreux amateurs de jazz. 

Le trombone, fantastique (et difficile) instrument,  ne connaît guère de "stars" il faut bien l'admettre. Le moins inconnu serait, (et encore), Jay Jay Johnson, ou Curtis Fuller à la rigueur, mais qui se soucie vraiment aujourd'hui d'un Slide Hampton, ou d'un Jimmy Cleveland, sans même parler de Melba Liston qui, en plus de jouer d'un instrument ingrat pour plus d'une oreille non avertie, présente l'inconvénient d'être une femme.

Julian Priester, âgé aujourd'hui de 77 ans, souffre de problèmes rénaux qui nécessiteraient une transplantation. De plus, il doit faire face une situation financière des plus critiques, sa maison et la plupart de ses biens ayant déjà  fait l'objet d'une saisie, avec le risque d'une vente aux enchères en cas de non-paiement des dettes accumulées.

Une campagne de"fund raising" a été lancée tout spécialement à cette occasion. On la trouve ici. J'en avais été averti sur Facebook par un post du photographe Juan Carlos Hernandez qui vient d'annoncer par la même occasion qu'il reverserait à Julian Priester jusqu'au 25 janvier les bénéfices tirés de la vente de ses photos. Voici le texte de cette annonce:

From now to the 25th of January, I will offer the benefits to a jazz musician, Julien Priester, who needs solidarity from all of us, for each print you order me. I deliver worlwide and safely.

Vous en saurez plus sur  blog de Guillaume Lagrée, ami du photographe, qui vous offre en prime une merveilleuse version filmée de "Sleeping Giant" par le "Mwandishi Sextet" de Herbie Hancock en 1972. On y voit et entend bien sûr Julian Priester.

L'objectif initial était de 10000 $. J'ai pu moi même constater qu'il avait été atteint en quelques jours, ce qui est tout à fait remarquable. 


Encore un effort donc pour atteindre le nouvel objectif (ce ne sera pas de trop), et merci à tous les nouveaux donateurs.