samedi 22 décembre 2012

Trois pièces d'argent pour Noël...

Après Señor Blues, Horace Silver avec Junior Cook et Blue Mitchell à nouveau, dans "Cool Eyes", une des "Six pieces of Silver", dans le disque du même nom (Blue Note 1539).


Rare, très très rare, le Horace Silver Quintet de "Song For my Father" à Antibes, avec Joe Henderson, et Carmell Jones. Le batteur est l'excellent Roger Humphries, et pour comme Chuck Thomson, batteur de Hampton Hawes, ce doit être sa seule et unique apparition à l'image. Le thème s'appelle "The natives are restless tonight."



Un peu plus tard, autre formation de légende avec Bennie Maupin et Bill Hardman, dans "Song for my Father" justement. Observez bien le batteur, c'est Billy Cobham. Il s'agit d'une émission de la télévision danoise tournée en 1968 et c'est cette année-là que j'avais vu pu entendre les mêmes à la Salle Pleyel, dans le cadre du Paris Jazz Festival. Il faudra que je retrouve une photo prise à ce concert. Je me souviens que la grosse caisse de Roy Haynes, entendu ce soir là avec Gary Burton, était toute petite en comparaison de celle de Billy Cobham.



jeudi 20 décembre 2012

Nuit Dave Brubeck à nouveau disponible sur France Musique


Sur le site d'OpenJazz, le père Noël Alex Dutilh vient de nous offrir sur un tapis volant la rediffusion de sa nuit Dave Brubeck diffusée du 14 au 15 décembre 2009 (déjà!). Entre bien d'autres détails passionnants recueillis à son domicile, on entendra ce dernier  évoquer  en particulier et non sans une certaine émotion, sa relation toute particulière avec le compositeur Aixois, né à Marseille, Darius Milhaud. Voir sur ce blog "Jean-Claude Casadesus, Lacan et le Jazz"


La nuit Dave Brubeck est  à nouveau disponible et  podcastable ici -même,  sur le site de France Musique. Un petit détail pratique pour les utilisateurs d'un Mac sous OS X, en version 10.8.2 (Mountain Lion), le lien direct sur Itunes ne fonctionnant pas sur la page, et la dernière version de Safari ne disposant plus de lecteur de Flux RSS intégré, il faut aller en télécharger un. J'ai utilisé pour ma part Vienna Beta en OpenSource, et ça marche très bien.

On peut aussi aller chercher le Podcast sur l'Itunestore, mais ce n'est pas très évident à trouver pour le moment.

mardi 18 décembre 2012

Internet, Babel, Cake au citron, Poulenc sur Youtube et autres considérations légèrement métaphysiques...

Ce nouveau billet du  Coeurquijazze, est comme les autres susceptible de comporter quelques coquilles, que je serais reconnaissant à mes lecteurs de bien vouloir me  signaler, d'abord parce que cela m'indiquerait qu'il en existe au moins quelques uns, et ensuite parce que l'un d'entre eux, et non des moindres, ami de longue date et excellent pianiste de Jazz du Nord de la France, comme moi grand passionné de jazz en général (on écoutait et découvrait  les mêmes disques) et de Thelonious Monk en particulier, l'a fait hier pour la première fois et je l'en remercie.



En cette belle journée ensoleillée d'un hiver de Haute Provence, et  dans le souci de clarifier mon propos, ainsi que celui de ne pas agacer quelque lecteur philosophe, rompu à cette question, je tiens à préciser que la référence un peu pédante je l'admets, sur mon avant-dernier post, à la Caractéristique universelle de Leibniz, quand bien même, j'en suis à peu près sûr, elle devait être de nature dans l'esprit du grand penseur, à contribuer à l'édification d'une encyclopédie de tous les savoirs possibles, (de omnibus etc...), la dite Caractéristique n'a pas grand chose à voir avec le fait de ne pas toujours trouver ce qu'on cherche sur Internet, a fortiori quand ce que l'on cherche n'existe pas !


Pour satisfaire à son ambition encyclopédique, Wikipédia s'enrichit continûment de l'apport de ses contributeurs anonymes, mais n'est pas à l'abri d'erreurs factuelles, ou de préjugés, avec l'inconvénient de leur propagation rapide sur le réseau. Mais les unes sont toujours susceptibles d'être corrigées  et les autres critiqués, et sont donc sans commune mesure avec l'immense service rendu, au moins dans le premier temps d'un débroussaillage pour  tout ce qui a trait à un sujet ou une question quelconque.

Google est  l'index fourre-tout géant de tout ce qui pêle-mêle se trouve sur internet, son intérêt, qui peut être en même temps sa limite, quand il y échoue, est celui de l'établissement d'une ligne de démarcation suffisante dans l'inventaire,  entre ce qui va du plus intéressant au plus inepte, ce dernier y tenant une large part.

Je mesure plus je l'utilise la puissance de ses algorithmes de recherche, elle transforme complètement, j'en suis certain, notre rapport à la connaissance, qu'elle soit de nature pratique (comment faire un cake au citronajouter de la mémoire à son ordinateur), théorique (qu'est-ce la preuve de la conjecture de Poincaré, (rassurez vous moi non plus je n'ai pas tout compris) , la théorie des incorporels dans l'ancien stoïcisme), artistique (la grille d'accords de Lyresto, dans le disque que John Coltrane enregistra avec Kenny Burrell, écouter ce même Lyresto, dont les dernières mesures me donnent littéralement l'impression que Coltrane va s'envoler et c'est précisément ce qu'il fait,


une reproduction de "Jour de lenteur", le tableau d'Yves Tanguy, le premier chapitre de l"Aleph" de Jorge Luis Borges etc...).



Youtube, pour sa part n'est rien d'autre que la mémoire nécessairement pleine de trous, mais en expansion continue, des images, des bruits et des sons du monde, mais  c'est déjà énorme à l'échelle de la dimension  prise aujourd'hui par l'internet, surtout quand d'un seul clic vous pouvez voir et entendre le premier mouvement du concerto pour deux pianos de Francis Poulenc par l'orchestre national de la RTF, dirigé par Georges Prêtre, avec Jacques Février et le compositeur en personne,



ainsi que, et par ce que ce blog est surtout là pour parler de jazz, un incroyable solo de Roy Haynes au meilleur de sa technique, je n'ose jamais dire mon batteur favori, car il y a  aussi Elvin, Tony et tous les autres, introduit par son principal disciple, Jack de Johnnette,



et plus rare encore, pour finir (?) ce Senor Blues de Horace Silver, magistral et majestueux, accompagné de Louis Hayes, Junior Cook et Blue Mitchell.


Quant à la Bibliothèque de Babel, je vous renvoie à la nouvelle de Borges, géniale, avec son vertigineux début:

L’Univers est une bibliothèque. Un arrangement infini de salles hexagonales reliées par des couloirs et habitées par des hommes, dans lesquelles sont rangés un nombre incalculable de livres (fini, infini ? nul ne le sait)...

L'Internet ne serait en somme que l'expression limitée de la Bibliothèque infinie dont il fait partie.  En ce qui concerne l'univers, le réel, les choses, le monde, ou tout ce qu'on veut, ils seront toujours de toutes les façons au delà, bien au-delà de toutes les représentations qu'on peut en construire et stocker dans la mémoire de tous les ordinateurs de la planète, fussent-ils jour et nuit indexés par les robots fouineurs de Google, comme tout ce que je suis en train d'écrire en ce moment précis.

De ce vaste monde des oeuvres et des choses, le solo de Clifford Brown dans "Joy Spring",



cette spectaculaire  "time line" vue sur le site de la NASA:



et pour redescendre sur notre belle planète, ces trois  endroits de Haute Provence superbement photographiés par mon ami Maurice, le lac de Sainte-Croix en hiver, une bergerie de Saumane, une Montgolfière passant au dessus du village d'Ongles,




l'Internet nous donne à voir le reflet coloré, mouvant, et transitoire. Les bouddhistes (et en un sens, Spinoza aussi) disent que tout cela est produit par l'Esprit (ou la Substance), d'autres préféreront dire la Nature, et que seul celle-ci peut-être considérée  comme infinie.

Mais je repense  aussi à ce grand maître du bouddhisme tibétain rencontré un jour près d'Aix en Provence. Comme son traducteur lui parlait du Mac portable dont je ne me séparais jamais, et de tout ce qu'on pouvait faire avec, il avait alors dit: "mais cela aussi est émanation de l'Esprit !"


dimanche 16 décembre 2012

To Ted with love, en hommage à Ted Joans, tout simplement...

Si vous aimez le jazz, vraiment, écoutez et regardez çà, écoutez Ted Joans :



samedi 15 décembre 2012

Youtube, Yi King, Ali Baba, Frank Zappa...et perle fausse

Abordons une fois de plus le sujet de Google et donc accessoirement de Youtube depuis son rachat par le précédent !.. Avez vous une idée de ce que cela représente rien qu'en termes de puissance informatique brute ?  C'est tout simplement impressionnant, il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil à cette séquence filmée, ou l'on entrevoit l'infrastructure nécessaire à l'évacuation de la chaleur  dissipée par les ordinateurs du géant mondial de l'indexation, soit au moment du tournage, quarante cinq mille serveurs et 10 méga watts de puissance consommée.



Effectuer une recherche un peu au hasard de ses associations d'idées sur Google ou Youtube c'est un peu comme  lancer une pièce au Yi King, le jeu divinatoire chinois, on y trouvera toujours une réponse pour faire sens. On peut voir aussi en Google/Youtube  une gigantesque caverne virtuelle d'Ali Baba (et des quarante voleurs). Encore un petit exemple ce matin. Il m'était revenu à l'esprit un de mes souvenirs les plus marquants, celui d'avoir eu le privilège d'écouter en direct le quintette  historique d'Archie Shepp, celui des deux disques Impulse avec Roswell Rudd et Beaver Harris, les fameux "Mama too Tight" et  "Live in San Francisco",  présenté par André Francis à la maison de l'ORTF. 




C'était en décembre 1967 et il y avait dans la salle ce soir là, Ted Joans, poète malheureusement un peu, sinon tout à fait oublié, et chantre tout entier voué à la célébration de la "great black music". Il monta sur scène au milieu  du concert pour y déclamer deux de ses poèmes. 


J'avais  retrouvé le premier,  "Jazz is my religion", sur un  CD qui ne doit plus beaucoup courir les rues aujourd'hui. Le second, "Jazz must be a woman", n'a pas été repris sur cette édition, sans doute pas très officielle et je l'ai cherchée longtemps en vain, y compris sur internet. Il s'agit d'une énumération swinguée du nom de tous les géants du jazz, simplement accompagnée de la walking bass de Jimmy Garrison. Magnifique, tout simplement, et très émouvant pour un fou de jazz dans mon genre.

Or ce matin un petit tour sur  Google/Youtube et hop... voici la chose (désolé je n'ai pas eu le temps de faire le papier cadeau) : 


Magnifique vous disais-je, normalement si vous aimez vraiment le jazz, les larmes devraient vous monter aux yeux, comme à chaque fois que j'écoute et réécoute cette formidable litanie! Soit-dit en passant la vidéo n'a été pour l'instant consultée que 283 fois, c'est dire, et je compte sur mes innombrables lecteurs :-)  pour booster le score.

On trouve bien  bien sur le site de l'I.N.A un concert d'Archie Shepp au studio 104, excellent au demeurant, mais ce n'est pas le bon, il a été enregistré bien plus tard,  le 23 mars 1974, avec Siegried Kessler et Noel McGee (qu'est-il devenu depuis au  fait?) à la batterie. Messieurs de l'I.N.A. encore un petit effort s'il vous plaît !..

Comme toujours en ce cas Youtube propose d'autres vidéos en rapport. A ma stupéfaction (les vrais amateurs me comprendront)  je tombe sur ceci: (attention, si vous voulez profiter ne serait-ce que de l'intro de basse, un écoute avec l'ordinateur relié à la chaîne hifi s'impose)

Le rarissime, du moins sous nos latitudes, Buddy Collette dans une émission TV de KPBS-TV à San Diego:



Le posteur ou l'imposteur m'intrigue. Il se fait passer pour un mystérieux Sheik Yerbutti.


Il a donc mis en ligne 61 vidéos. Quelques unes sont d'inestimables trésors, dont je n'avais pas eu connaissance jusqu'alors. En puisant au hasard :

Terry Gibbs, Buddy de Franco, du même producteur californien (Paul Marshall):


Herb Hellis en club:


encore plus fort, Conte Candoli, Carl Fontana, Teddy Edwards,  Pete Jolly, Joe La Barbera à Stuttgart Jazzopen en 2001,  ( il s'agit d'un concert diffusé sur Mezzo, ce qui pose problème et je suis naturellement prêt à retirer le lien à la première demande. Il y a tout lieu de penser que celui-ci sera d'abord supprimé de Youtube au besoin. Une autre façon de voir les choses serait de voir en ceci une bonne publicité incitant tout amateur de jazz à s'abonner, comme je le suis, à cette excellente chaîne, qui tranche sur la médiocrité télévisuelle dominante. Voir toutes les nombreuses considérations  à ce sujet sur ce blog ) :


Joe de Francesco trio au Bern Festival:



et enfin le summum, à mon goût,  la perle des perles, [MAJ la perle était fausse, voir fin de ce billet] il s'agit d'une captation inédite à ma connaissance, en club avec Hampton Hawes, son excellent batteur attitré à l'époque, Chuck Thomson, élève de Frank Butler et dont c'est sûrement l'unique image filmée, Sonny Criss, Harry "Sweets" Edison, ainsi que le merveilleux, si injustement méconnu, Teddy Edwards:


Pour une raison inconnue, je ne suis pas parvenu à intégrer le preview dans la page, mais vous n'aurez qu'à cliquer sur le lien et passer en plein écran une fois dans Youtube.

(NdR) J'ai fini par comprendre pourquoi. En tentant de contourner l'obstacle dans le code de la page j'ai obtenu ceci. CQFD.



"Sheik Yerbuti" a posté ce commentaire  au sujet de sa vidéo, malheureusement incomplète:

Publiée le 17 juil. 2011
Killer, blues-drenched set filmed at the Memory Lane Club, Los Angeles, CA, in January, 1970 featuring the great Hampton Hawes on piano surrounded by Harry "Sweets" Edison on trumpet, Sonny Criss on alto sax, Leroy Vinnegar on bass and Bobby Thompson on drums. Blues shouter Big Joe Turner and tenor giant Teddy Edwards join in to share some stage fun, as if satisfaction wasn't already more than guaranteed.

1. Memory Lane Blues
2. Blues For J.L.
3. Feeling Happy
4. Shake, Rattle And Roll
5. Teddy's Blues

En poursuivant la recherche, on trouve deux autres extraits de la même session, et sur ceux-ci on entend en effet en prime, comme promis, Big Joe Turner:




J'apprends pour finir sur Google que Sheik Yerbutti n'est autre que le titre éponyme d'un album de Frank Zappa, publié le 3 mars 1979 sur Zappa Records, ce que j'ignorais. 

Amusant clin d'oeil donc d'un amateur  pointu, qui mériterait qu'on lui élève une statue en reconnaissance de sa contribution au bonheur de ses coreligionnaires, à moins que ceux-ci n'aient un jour à devoir lui envoyer des oranges en quelque cachot de la police de l'Internet.


PS. A la relecture, et après m'être beaucoup amusé à peaufiner ce billet, il me vient la réflexion suivante, qui m'amène à quelque peu tempérer mon enthousiasme initial, suite à la découverte de ces quelques petits bijoux de jazz enregistré. En évoquant Ali Baba ou le Yi-King, j'ai sans doute un peu vite cédé au fantasme de la malle au trésor. J'aurais pu tout aussi bien dans ce registre filer au sujet d'Internet, la métaphore de la corne d'abondance, du pays de cocagne, que sais-je encore...


En un sens c'est vrai qu'on peut avoir ce sentiment en surfant un peu au hasard, d'accéder à une ressource inépuisable en tous domaines. Mais il faut bien redescendre sur terre et se dire que si celle-ci est abondante, elle n'est en rien illimitée. Comme tout en ce monde, l'internet, création de l'intelligence humaine est également lacunaire ou déficient par nature. Et il y bien loin de la bibliothèque infinie de Borges à Wikipédia, avec son lot inévitable d'erreurs factuelles, d'oublis ou de parti-pris.


Par ailleurs et au risque d'extrapoler un tantinet, on aura beau surenchérir sur les mégaflops et les péta-octets, et faire s'approcher autant qu'on veut nos intelligences artificielles de l'idéal leibnizien d'une caractéristique universelle, visant in fine au projet encyclopédique d'une langue susceptible d'exprimer tout ce qu'on peut savoir sur tout, "de omni re scibili et quibusdam aliis" (de toutes les choses que l'on peut savoir et de quelques autres) selon la célèbre expression de Pic  de la Mirandole, il restera toujours la part d'ombre, d'approximation et d'ignorance.



Et surtout  enfin, des mots aux choses, la carte n'est pas le territoire. Un seul exemple: on pourra passer en vain le temps qu'on veut sur Google pour retrouver un témoignage filmé de ce qui reste j'en ai la conviction certaine, la plus grande formation de jazz de tous les temps, le premier Miles Davis Quintet avec John Coltrane, Red Garland, Paul Chambers, et "Philly"Joe Jones. 1955 (j'avais cinq ans) , ce n'est quand même pas si ancien, et les caméras existaient depuis longtemps. Sans machine à remonter le temps, cette mémoire là est jusqu'à nouvel ordre, pour toujours perdue.

[MAJ ] Ooops !.. Je n'avais pas suffisamment cherché sur Google! Et je découvre que la perle n'était pas si rare, elle était même fausse, résultant du vulgaire piratage d'un DVD commercialisé.



On le trouve ici  sur Amazon.fr , s'il vous a plu, achetez-le, c'est d'ailleurs ce que je viens de faire, au moins vous l'aurez au complet et  il y a peut-être une chance, du moins je l'espère qu'une partie des sous  (*) revienne à la famille de Teddy Edwards. Et tant que vous y êtes, achetez aussi ceci:


C'est un très beau et très émouvant témoignage sur Teddy Edwards de son vivant, on l'entend jouer et quelque peu désabusé, parler de sa vie, qui ne fût jamais celle du grand saxophoniste renommé, qu'il aurait tellement aimé et mérité d'être, à l'instar d'un Sonny Rollins ou même simplement d'un Dexter Gordon.

(*)  Enfin pour les sous c'est une façon de parler, tant on le trouve  littéralement bradé, 14 exemplaires neufs au prix ridicule de trois dollars ici sur le site américain d'amazon.

[MAJ] On apprend à la lecture du dernier numéro de Jazzmagazine /Jazzman, précisément consacrée à au génial Frank Zappa,  que Sheik  Yerbouti fait référence à l'expression "Shake Yer Booty", autrement dit "Secouez vot' popotin". Etonnant, non ?

Je vous renvoie donc à ce numéro passionnant et fort bien fait comme toujours.


vendredi 14 décembre 2012

Denise Donatelli, One more time... et retour sur la question du "Fair use" sur Internet

La lecture du journal du matin était pour Hegel (Georg Wilhelm Friedrich) sa prière quotidienne, dans mon cas ce serait plutôt l'écoute, vespérale, d'Open Jazz sur France Musique, présenté tous les jours à 18 heures par le Révérend Alex Dutilh, à qui grâce sera rendue de nous avoir présenté pour la deuxième fois la chanteuse Denise Donatelli.

L'essentiel a été dit et tout ce qu'il y a savoir ou presque se trouve sur la page Openjazz du site. Ce billet ne servira donc pas à grand chose, mais je ne peux m'empêcher de vouloir partager urbi et orbi l'enthousiasme récurrent d'A.D. à l'endroit de cette très belle voix du jazz, une de plus sans doute, dans une offre pléthorique, mais qui s'en plaindrait ?



Denise Donatelli, donc, et que dire ? Tout simplement l'équilibre, le timbre, le placement, le swing, le choix  des compositions, les orchestrations, l'instrumentation (sextuor de cordes, la percussion d'Alex Acuna (ex Weather Report entre autres), le piano de Geoffrey Keezer (*)) . Quatre disques à son actif, et ce dernier, "Soul Shadows", dont voici la vidéo de présentation:



(*) à propos de Geoffrey Keezer, une petite curiosité sympa, il accompagnait le grand Art Blakey pour le soixante dixième anniversaire de ce dernier au LeverKuse Jazz festival en 1989. Un casting de rêve, pensez donc, Terence Blanchard, Freddie Hubbard, Curtis Fuller, Jackie Mc Lean, Benny Golson, Wayne Shorter, Michelle Hendricks etc... Exubérant et jouissif comme toujours avec le toujours jeune vieux sorcier des tambours. (Roy Haynes, très classe avec son chapeau, aussi était de la fête !)




PS. Il s'agit manifestement de l'intégralité d'un concert filmé par la télévision allemande (ZDF Musik-kanal) en l'occurrence, enregistré en VHS, numérisé et  mis en ligne par un internaute, avec une intention que l'on présume généreuse et simplement animée du désir de partager  avec le plus grand nombre quelque chose que l'on aime, à l'instar du fameux "j'aime" sur  Facebook. Il n'est pas sûr qu'une éthique minimale y trouve son compte, celle de ne pas disposer de quelque chose qui ne nous appartiendrait pas, et que la nature même de l'Internet, par  l'extrême facilité qu'on y a de disposer de tout sans contrainte met quelque peu à mal.

Ceci n'est donc pas sans soulever une nouvelle fois un problème de droits (voir "on a perdu LaVille Tulos" ainsi que "il n'y a plus de vidéo au numéro que vous avez demandé") et ne garantit en aucune manière la pérennité de ce document sur l'internet. Un ayant-droit, la ZDF, mais plus légitimement sans doute encore les descendants directs ou la famille d'Art Blakey, alias  "Buhaina", (peut-être sous réserve de vérification, "the Art Blakey estate", société apparemment dévolue à la préservation et au respect des droits en tous genres, images, archives et musiques, attachés à la succession du batteur sur artblakey.com ) aura toujours la possibilité d'en demander le retrait à la source, ainsi que je l'ai constaté à plusieurs reprises pour d'autres archives d'un incontestable intérêt culturel et historique.

Pour le moment je ne peux que vous inviter à en profiter tant qu'il en est encore temps, mais est-ce  là encore en tout point éthique (l'occasion fait le larron) ? On ne peut qu'attendre pour l'instant, un jour qui sait,  une solution globale à ce conflit pour l'instant irrésolu entre accès libre et illimité aux ressources, dans la sympathique utopie d'un internet dégagé de toute logique marchande, où tout ce qui a trait à la culture jouirait d'une exterritorialité absolue au nom même de son universalité,  et la revendication tout autant légitime du respect des droits  de reproduction, d'exploitation et de diffusion attachés à la diffusion des oeuvres de l'esprit, la musique en l'espèce.

La question n'est pas simple et ne se résout pas en prises de position péremptoires, du genre tout est gratuit (utopie des pionniers) ou tout est payant (rêve des marchands), et je vous renvoie sur ce blog à mon article consacré à Gigi Gryce, qui tenta en vain de lutter contre l'exploitation sans vergogne dont  les compositions et la musique de très nombreux jazzmen furent l'objet à l'époque, laissant ceux-ci dans le besoin, à la notable exception de quelques uns, Paul Desmond par exemple, dont les royalties du  "Take Five" lui assurèrent  semble-t-il une plutôt confortable existence.

Je vous invite à ce sujet à vous rendre sur ce lien youtube, posté par un ami sur Facebook, où l'on peut entendre intégralement le magnifique "I'm old fashioned" extrait du "Blue Train" de John Coltrane.


Il est assorti du commentaire suivant:

"Copyright Disclaimer Under Section 107 of the Copyright Act 1976, allowance is made for "fair use" for purposes such as criticism, comment, news reporting, teaching, scholarship, and research. Fair use is a use permitted by copyright statute that might otherwise be infringing. Non-profit, educational or personal use tips the balance in favor of fair use."

Je ne connais pas la section 107 du Copyright Act 1976, et ignore si elle s'applique en ce cas mais il serait intéressant d'en savoir plus.

jeudi 22 novembre 2012

Jean-Claude Casadesus, Lacan et le jazz

La semaine dernière sur France Musique, dans le magazine de Lionel Esparza, passionnant entretien avec Jean-Claude Casadesus, comme chacun sait directeur de l'Orchestre National de Lille. On peut le réécouter jusqu'au 12 décembre ou le podcaster sur ce lien. Il y évoque ses débuts de batteur de jazz  et  de percussionniste, ainsi qu'une tout à fait savoureuse anecdote où l'on apprend qu'il allait traîner Jacques Lacan et son fameux noeud papillon au Club Saint-Germain, pour y écouter Max Roach, Miles Davis, Clifford Brown, le Modern Jazz Quartet,  rien moins.


Il se trouve que je dois à Jean-Claude Casadesus, un de mes premiers grands souvenirs  de jazz, sous la forme d'une bande magnétique pré-enregistrée, comme on en trouvait quelques unes à l'époque et malheureusement égarée depuis. J'en garde cependant le plus vif souvenir, car je ne me lassais pas de l'écouter. Enregistrée en studio avec soin, je trouvais, en la jouant sur sur mon magnétophone Philips EL 3549, et c'était sans doute vrai pour l'époque, que le son en était superbe.



La bande s'intitulait "Jazz classique Jazz moderne" sans  indication de personnel, à l'exception  du nom de Jean-Claude Casadesus. Au programme quatre compositions de jazz "moderne",  "HoneyMoon for two","Requiem for Boris", "Cry me a river" et  "A.T. Bat for K.C."

Qui étaient les membres de ce "Jean-Claude Casadesus Jazz Group " ? Je n'en ai pas la moindre idée, et Google  est complètement muet à ce sujet, si l'on excepte une playlist de la BBC où l'on retrouve ces titres, ainsi que la référence à un mystérieux BBC LP 27525.



La seule chose que j'ai pu retrouver  est une version d' "A.T. Bat for K.C" par le Manhattan Jazz Septet d'Oscar Pettiford avec Lucky Thomson.


A défaut de pouvoir vous faire écouter  Jean-Claude Casadesus en homme de jazz,  je vous recommande  ces deux disques de l'Orchestre national de Lille, tout d'abord  les deux Concertos pour piano de Ravel, la Valse et le Boléro,  avec le grand Georges Pludermacher,


ainsi qu'un  très beau disque  consacré à  trois oeuvres de Darius Milhaud, La Création du monde, Le Boeuf sur le toit et la Suite Provençale:


A lire  aussi  "la partition d'une vie", livre de souvenirs de Jean-Claude Casadesus, qui vient de paraître.

mardi 13 novembre 2012

Ca swingue dans la Silicon Valley !..

Comme vous allez le voir, la Silicon Valley, ce n'est pas seulement Apple, ni Google...

Au nombre des arrangeurs un peu oubliés de la grande époque du jazz dit West Coast, figure Bob Florence. En fouillant dans mes vinyles j'ai pu retrouver un exemplaire de l'excellentissime  "West Lake"(Discovery DSCD-832) . On y entend en particulier une somptueuse composition intitulée "Carmelo's by the freeway" qui met en valeur Bob Cooper au saxophone ainsi que Steve Hustler à la trompette. La version originale se trouve sur Youtube.




J'en ai découvert  une reprise par le SVRJO, alias le Silicon Valley Repertory Jazz Orchestra, fondé par le trompettiste John Worley, ainsi que le tromboniste Wayne Wallace (solo de John Worley, suivi d'Alex Morney au ténor).




Apparemment enregistré au même endroit,  le Senzala Brazilian Restaurant de Sunnyvale ce "Big Dipper" , de Thad Jones, avec le Thad Jones Mel Lewis Big Band.


Une recherche  de SVORJ sur Youtube, donne encore une dizaine de vidéos du même excellent tonneau.

dimanche 11 novembre 2012

Encore une belle trouvaille sur Youtube...

Ce matin,  mon ami Maurice est venu me rendre visite. En voulant lui montrer ma nouvelle AppleTV, génial gadget  permettant  aux  heureux utilisateurs de Macbook, Pro, Air sous MacOS 10.8, alias Mountain Lion ainsi que sur tout appareil sous IOS (Iphone, Ipod Touch, Ipad), d'envoyer sans fil via Airplay tout type de contenu, musique, photos, vidéos sur la TV/chaîne Hifi  du salon, je suis tombé sur une vidéo du vibraphoniste Terry Gibbs, en compagnie de la pianiste Terry Pollard. Une vraie découverte !

Vous ne manquerez surtout pas le moment où Terry Pollard,  quittant soudain le clavier, en vient à se disputer les lames du vibraphone avec Terry Gibbs.

C'est ici:


Aussitôt avant nous venions de regarder une séquence, plutôt rare elle aussi, avec Milt Jackson et Bobby Hutcherson improvisant de concert sur "Just Friends"



Enjoy !

samedi 3 novembre 2012

Avis de recherche: On a perdu LaVille Tulos



Connaissez vous cette femme ? Je ne sais rien d'elle sinon, qu'elle est noire, harpiste et joue du jazz... Elle répond au nom assez étrange de LaVille Tulos. J'avais  repéré il y a quelque temps sur Youtube  une vidéo  où on pouvait l'entendre swinguer sur  une délicate et tout à fait charmante version de Swanee River. Comme toujours, j'avais envoyé le lien à mes amis, à seule fin de partager avec eux le plaisir d'une telle découverte.

Et voici ce que l'on obtient à présent:


J'ignore absolument ce qui à poussé le dit utilisateur à l'avoir retirée. Et pourquoi diable alors l'avoir alors mis en ligne  ? Si j'en juge par les résultats obtenus sur  Google je suis loin d'être le seul à avoir jugé  bon de signaler cette petite merveille. Il y a des centaines de références, sur Facebook, Tumblr, un peu partout et toutes pointent à présent  sans succès au  même endroit. J'ai découvert au passage l'intéressant 


On ne trouve par ailleurs sur internet  aucune autre trace de la mystérieuse Laville Tulos. Peut-être y a-t-il simple erreur sur le nom,  il ne s'agit en tout cas ni de Betty Glamann, d'Adele Girard, de Zeena Parkins, de Dorothy Ashby, ni d'aucune autre des "Jazz Harpists"  recensée sur Wikipédia. 

Je continue à mener l'enquête. Ca me fait penser à l'inspecteur Bougret de Gotlib. "Et alors mon vieux Charolles, qu'est-ce que tu penses de tout ça? Les indices sont plutôt maigres, patron."



Le Coeurquijazze  ne manquera pas de vous tenir au courant. 


Il n'y a plus de vidéo au numéro que vous avez demandé

Après plus d'un an de mise en sommeil, le "Coeur qui Jazze"  reprend du service. Il s'était arrêté en août 2011, sur billet dévolu au Nonet de Philippe Renaut, à l'occasion du Festival de Jazz de Pertuis.

Un extrait de la prestation dont j'avais indiqué le lien,  était visible sur le site de TV7provence.com. Malheureusement la vidéo n'est plus accessible. Je viens de contacter le Webmestre du site en espérant une éventuelle remise en ligne, à supposer qu'il ne s'agisse pas d'une suppression liée à problème de droit d'auteur, ce que par ailleurs je comprendrais parfaitement.



Cette disparition, que j'espère temporaire m'amène incidemment à évoquer sur ce blog un problème plus vaste, concernant  la pérennité de contenus à caractère culturel mis en ligne sur Internet, et sur lequel j'aurai l'occasion de revenir plus en détail.

Comme chacun sait Youtube est devenu une immense vidéothèque mondiale. Abstraction faite d'un impressionnant nombre d'inepties, la diversité et la richesse des contenus culturels proposés devient littéralement stupéfiante, et ce dans tous les domaines imaginables. De très nombreux sites ayant pignon sur rue y puisent largement, je pense à celui de France Musique par exemple, ainsi que de  très nombreux petits blogs comme celui-ci. Tous y trouvent à fin illustrative ou pédagogique une ressource immense et disponible. La simple passion de faire connaître et partager y trouve largement son compte, mais pour combien de temps encore ?

En ce qui concerne le jazz, je prendrai un intéressant cas d'école, celui d'une vidéo sur Youtube intitulée "Rare footage of Count Basie inside Birdland , NYC ( 1956 ) - part.: Steve Allen + Pee Wee Marquette", et dont je comptais mettre en ligne le lien, à l'intention de mes rares ( et d'autant plus excellents) lecteurs.

Rare, c'est le moins qu'on puisse dire !..  il s'agit d'un court extrait d'émission TV des années cinquante, présentée par l'animateur vedette Steve Allen, qui nous fait entrer au Birdland de  la grande époque. On y découvre en descendant les marches, accueilli par le célèbre nain Pee Wee Marquette, dont c'est probablement la seule apparition connue à l'image, un orchestre de Count Basie en pleine effervescence. Ca swingue à la folie, et c'est littéralement épatant, enthousiasmant, on en reste à la fois bouche bée, et béat. En bon apôtre des vertus cardinales du très grand jazz, je m'étais empressé d'envoyer le lien sur cette pépite à nombre d'amis très chers, dont le producteur de l'excellentisssime émission Openjazz, sur France Musique

Or voici ce qu'on y trouve  à présent:



N'ayant  pas voulu en rester là j'ai  fait une recherche sur cette société  Historic Films Archive LLC/SOFA Entertainment. On tombe alors sur ceci:



En fait c'est une sorte d'I.N.A. en version US !


En effectuant une recherche (parmi les 50000 heures de clips  annoncées) sur "Basie", "Birdland" j'ai fini par retrouver trace de la séquence disparue.


 Le minutage des plans y est même détaillé


Inutile de rêver, ni d'envisager une acquisition légale. Une exploration attentive des tarifs et des conditions de license d'utilisation, fait apparaître que ces séquences ne sont accessibles qu'à des professionnels, excluant collectionneurs, passionnés et particuliers. Il faudra donc se résoudre à attendre le bon vouloir d'un improbable éditeur pour voir sortir de l'ombre ces quelques précieuses minutes...

Dans sa grande bonté, Historic Films accorde cependant ceci, que je ne résiste pas à vous communiquer en anglais tel quel:

Historic Films aims to provide its footage at affordable rates. We understand that not all budgets are the same. Sometimes those "labor of love" projects need all the help they can get. While license fees will vary depending on the rights required and the overall order size, Historic Films will always endeavor to provide clients with a workable footage rate.
Historic Films does not provide films to collectors or for home/private use. Upon receipt of your research request a Historic Films representabtive will contact you directly to discuss your project and your request.

"Labor of love" ? Rien ne pourrait décidément  mieux qualifier l'esprit qui préside à ce blog. Je m'efforcerai  dorénavant d'y signaler autant qu'il est possible, et avant qu'elles ne disparaissent les nombreuses pépites en libre accès dont regorge le réseau, mais pour combien de temps encore...

vendredi 20 janvier 2012

Il y a plus d'un an déjà...

Le Festival  de Big Bands de Pertuis est un événement exemplaire à plus d'un titre, longévité, treize ans cet été, originalité, rien que des Big Bands, gratuité, à l'exception de la dernière soirée, organisation sans faille, sous l'impulsion de son fondateur, Léandre Grau, professeur au Conservatoire de musique du Sud Luberon, et surtout exceptionnelle qualité de la musique présentée, avec la contribution régulière de quelques uns des meilleurs instrumentistes des scènes locales, régionales et nationales.

L'édition d'août 1991 fut l'occasion de découvrir le nonette de Philippe Renault, à la tête de la classe de Jazz du Conservatoire de Marseille. Le disque était en vente sur place et je peux vous affirmer pour  l'avoir réécouté en boucle pendant  presque un mois entier  que "Nap's dream", "A l'année prochaine" , "Bossa pour septembre" ainsi que  le sublime et trop peu joué "Gnid" composé par  Tadd Dameron suffiraient à  rendre pêche et bonne humeur à un régiment de neurasthéniques.



On aura le plaisir de retrouver sur le site  TV7 Provence une séquence video du nonet enregistrée à cette occasion.

[MAJ ] Cette vidéo n'est malheureusement plus disponible sur TV7provence.com

jeudi 19 janvier 2012

Romain Thivolle, Philippe Renault, et Philippe Laudet au Festival de Big Bands à Pertuis

Le Festival de Big Bands de Pertuis, qui se tient tous les étés début août, n'est décidément pas un festival comme les autres. Il possède la remarquable particularité de n'inclure dans sa programmation que des "Big Bands", ces merveilleuses grosses machines à swing, qui connurent leur  âge d'or aux alentours des années 30-40 avec les orchestres de Chick Webb, Jimmy Lunceford,  Duke Ellington, Count Basie...




Romain Thivolle Big Band

Le big band de Romain Thivolle, enseignant au conservatoire de Toulon Provence Méditerranée et par ailleurs guitariste de la Musique des Équipages de la Flotte de Toulon, qui regroupe  des musiciens de la région, est à lui tout seul un exemple de cette accessibilité sans compromis, tant par la  joie de jouer communicative que par l'excellence des solistes, au service d'un répertoire original, reposant en partie sur une habile réorchestration de standards  de la pop music (Sting, Beatles) , du Rythm'n Blues (Stevie Wonder),  plutôt inhabituels en ce contexte, mais que métamorphosent  des arrangements aussi somptueux qu'efficaces, du guitariste leader. A ne pas manquer par ailleurs les reprises de Claude Nougaro (Cecile, les Don Juan) , que je ne suis pas le seul à considérer comme un jazzman à part entière.


Je conseille donc  vivement à tous ceux qui n'y étaient pas, de se procurer d'urgence le premier disque du Romain Thivolle Big Band,  reflet fidèle d'un concert mémorable, d'où émergent deux très belles compositions originales du leader, "Harlem speaks" et "Snowy Sunday In Central Park". Le "Four on Six" de Wes Montgomery y reçoit un traitement très habile pour le moins inédit. Quand à "John Mosca in Pertuis", composé spécialement pour l'occasion, Romain Thivolle vint nous expliquer qu'il s'agissait d'un petit clin d'oeil à John Mosca, actuel leader de l'ex "Thad Jones Mel Lewis Big Band".

Merveilleusement soutenu par l'orchestre, Philipe Renault  y joua à la perfection le temps de quelques chorus le rôle du John Mosca de Pertuis. Tempo medium, souple pulsation sur les quatre temps d'une basse et d'une guitare limpides, cymbale feutrée du batteur à la Mel Lewis, opulence de la section des saxes à l'unisson, comme dans le "Groove Merchant" de Jerome Richardson. Pour un peu en fermant les yeux on aurait pu se croire quelques années plus tôt, aux premières loges d'une  de ces fameuses sessions du lundi, au Village Vanguard à New-York !


PS: Je trouve à l'instant sur youtube deux vidéos de Romain Thivolle, tout à fait caractéristiques de ce que nous avons pu entendre à Pertuis cet été, avec mes excuses à Bertrand Borgognone, pour n'avoir pas fait état de ses excellentes prestations vocales (Cecile, Roxanne etc...) et que voici, que voilà à présent:






De  nombreux autres  extraits sonores et vidéos  sont disponibles sur le site de Romain Thivolle

Le site de Romain Thivolle

Le Nonet de Philippe Renault

On aura le plaisir de retrouver Philippe Renault le lendemain en première partie de concert, à la tête d'un formidable nonet, composé d'élèves de la classe de jazz du conservatoire de Marseille. Disons le tout net, ça pète le feu ! Habileté des arrangements dans la mise valeur des solistes, précision de la mise en place, swing torride, tout y est, on y retrouve l'incomparable vitalité des petites  formations du style  West Coast, dans la Californie des années cinquante, celles de Howard Rumsey, ou de Lennie Niehaus.

Le répertoire est entièrement dans cet esprit, avec des compositions de Marty Paich, Ernie Wilkins, Joe Newman, dont un de mes thèmes favoris, le somptueux et si peu, voire jamais, joué "Gnid" de Tadd Dameron. Interrrogé à ce sujet Philippe Renault m'a confirmé qu'il n'en connaissait aucune autre version que celle présente dans le disque de Tadd Dameron avec John Coltrane. Je n'en oublie par pour autant les les très belles  compositions de Philippe Laudet, et que l'on retrouvera un peu plus tard en grande formation.




Philippe Laudet Big Band (A jazz odyssey)

Et c'est donc à Philippe Laudet en personne qu'il revenait de terminer la soirée, à la tête de son  rutilant big band, "Jazz Odyssée" ex "Ornicar", pour ceux qui se souviennent des disque enregistrés il y a une dizaine d'années, dont le premier avec Joe Henderson en invité. On y entendra les compositions originales du trompettiste/pianiste/leader et par ailleurs ingénieur au CNES, spécialisé dans les satellites, ce qui explique sans doute le côté très SF des intitulés ("David Blowmer Détective de l'espace", "Sagittarius A", "Cassiopée" etc...), ainsi que la citation des fameuses cinq notes des "Rencontres du troisième type", dans un "In a Mellow Tone" revisité.



La formation est  en nombre réduit malgré les apparences(12 musiciens) . Et pourtant ça claque, ça sonne, ça rugit, sous l'impulsion d'une section rythmique bien huilée, avec tout l'éclat des cuivres, le moelleux des unissons de saxes, ainsi qu'une mise en place encadrée au millimètre par les pêches du batteur. Un vrai "Dream Band", comme s'intitulait à l'époque celui de Terry Gibbs.

On retrouvera Philippe Renault venu rejoindre l'orchestre en fin de concert sous les étoiles pour plusieurs chorus de trombone sur "Nautilus, autre très beau thème de Philippe Laudet.

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