vendredi 14 décembre 2012

Denise Donatelli, One more time... et retour sur la question du "Fair use" sur Internet

La lecture du journal du matin était pour Hegel (Georg Wilhelm Friedrich) sa prière quotidienne, dans mon cas ce serait plutôt l'écoute, vespérale, d'Open Jazz sur France Musique, présenté tous les jours à 18 heures par le Révérend Alex Dutilh, à qui grâce sera rendue de nous avoir présenté pour la deuxième fois la chanteuse Denise Donatelli.

L'essentiel a été dit et tout ce qu'il y a savoir ou presque se trouve sur la page Openjazz du site. Ce billet ne servira donc pas à grand chose, mais je ne peux m'empêcher de vouloir partager urbi et orbi l'enthousiasme récurrent d'A.D. à l'endroit de cette très belle voix du jazz, une de plus sans doute, dans une offre pléthorique, mais qui s'en plaindrait ?



Denise Donatelli, donc, et que dire ? Tout simplement l'équilibre, le timbre, le placement, le swing, le choix  des compositions, les orchestrations, l'instrumentation (sextuor de cordes, la percussion d'Alex Acuna (ex Weather Report entre autres), le piano de Geoffrey Keezer (*)) . Quatre disques à son actif, et ce dernier, "Soul Shadows", dont voici la vidéo de présentation:



(*) à propos de Geoffrey Keezer, une petite curiosité sympa, il accompagnait le grand Art Blakey pour le soixante dixième anniversaire de ce dernier au LeverKuse Jazz festival en 1989. Un casting de rêve, pensez donc, Terence Blanchard, Freddie Hubbard, Curtis Fuller, Jackie Mc Lean, Benny Golson, Wayne Shorter, Michelle Hendricks etc... Exubérant et jouissif comme toujours avec le toujours jeune vieux sorcier des tambours. (Roy Haynes, très classe avec son chapeau, aussi était de la fête !)




PS. Il s'agit manifestement de l'intégralité d'un concert filmé par la télévision allemande (ZDF Musik-kanal) en l'occurrence, enregistré en VHS, numérisé et  mis en ligne par un internaute, avec une intention que l'on présume généreuse et simplement animée du désir de partager  avec le plus grand nombre quelque chose que l'on aime, à l'instar du fameux "j'aime" sur  Facebook. Il n'est pas sûr qu'une éthique minimale y trouve son compte, celle de ne pas disposer de quelque chose qui ne nous appartiendrait pas, et que la nature même de l'Internet, par  l'extrême facilité qu'on y a de disposer de tout sans contrainte met quelque peu à mal.

Ceci n'est donc pas sans soulever une nouvelle fois un problème de droits (voir "on a perdu LaVille Tulos" ainsi que "il n'y a plus de vidéo au numéro que vous avez demandé") et ne garantit en aucune manière la pérennité de ce document sur l'internet. Un ayant-droit, la ZDF, mais plus légitimement sans doute encore les descendants directs ou la famille d'Art Blakey, alias  "Buhaina", (peut-être sous réserve de vérification, "the Art Blakey estate", société apparemment dévolue à la préservation et au respect des droits en tous genres, images, archives et musiques, attachés à la succession du batteur sur artblakey.com ) aura toujours la possibilité d'en demander le retrait à la source, ainsi que je l'ai constaté à plusieurs reprises pour d'autres archives d'un incontestable intérêt culturel et historique.

Pour le moment je ne peux que vous inviter à en profiter tant qu'il en est encore temps, mais est-ce  là encore en tout point éthique (l'occasion fait le larron) ? On ne peut qu'attendre pour l'instant, un jour qui sait,  une solution globale à ce conflit pour l'instant irrésolu entre accès libre et illimité aux ressources, dans la sympathique utopie d'un internet dégagé de toute logique marchande, où tout ce qui a trait à la culture jouirait d'une exterritorialité absolue au nom même de son universalité,  et la revendication tout autant légitime du respect des droits  de reproduction, d'exploitation et de diffusion attachés à la diffusion des oeuvres de l'esprit, la musique en l'espèce.

La question n'est pas simple et ne se résout pas en prises de position péremptoires, du genre tout est gratuit (utopie des pionniers) ou tout est payant (rêve des marchands), et je vous renvoie sur ce blog à mon article consacré à Gigi Gryce, qui tenta en vain de lutter contre l'exploitation sans vergogne dont  les compositions et la musique de très nombreux jazzmen furent l'objet à l'époque, laissant ceux-ci dans le besoin, à la notable exception de quelques uns, Paul Desmond par exemple, dont les royalties du  "Take Five" lui assurèrent  semble-t-il une plutôt confortable existence.

Je vous invite à ce sujet à vous rendre sur ce lien youtube, posté par un ami sur Facebook, où l'on peut entendre intégralement le magnifique "I'm old fashioned" extrait du "Blue Train" de John Coltrane.


Il est assorti du commentaire suivant:

"Copyright Disclaimer Under Section 107 of the Copyright Act 1976, allowance is made for "fair use" for purposes such as criticism, comment, news reporting, teaching, scholarship, and research. Fair use is a use permitted by copyright statute that might otherwise be infringing. Non-profit, educational or personal use tips the balance in favor of fair use."

Je ne connais pas la section 107 du Copyright Act 1976, et ignore si elle s'applique en ce cas mais il serait intéressant d'en savoir plus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire